JE SUIS JUIVE :
SIMONE VEIL.
LE KADDISH SERA DIT
SUR MA TOMBE
Née
et élevée au sein d’une famille française de longue date, j’étais française
sans avoir à me poser de question. Mais être juive, qu’est-ce que cela signifie
pour moi comme pour mes parents, dès lors qu’agnostique – comme l’étaient déjà
mes grands parents – la religion était totalement absente de notre foyer
familial ?
De
mon père, j’ai surtout retenu que son appartenance à la judéité était liée au
savoir et à la culture que les juifs ont acquis au fil des siècles en des temps
où fort peu y avaient accès. Ils étaient demeurés le peuple du Livre, quelles
que soient les persécutions, la misère et l’errance.
Pour
ma mère, il s’agissait d’avantage d’un attachement aux valeurs pour lesquelles,
au long de leur longue et tragique histoire, les juifs n’avaient cessé de
lutter : la tolérance, le respect des droits de chacun et de toutes les
identités, la solidarité.
Tous
deux sont morts en déportation, me laissant pour seul héritage ces valeurs
humanistes que pour eux le judaïsme incarnait.
De cet héritage, il ne m’est pas possible de dissocier le souvenir sans cesse présent, obsédant même, des six millions de juifs exterminés pour la seule raison qu’ils étaient juifs. Six millions dont furent mes parents, mon frère et nombre de mes proches. Je ne peux me séparer d’eux.
De cet héritage, il ne m’est pas possible de dissocier le souvenir sans cesse présent, obsédant même, des six millions de juifs exterminés pour la seule raison qu’ils étaient juifs. Six millions dont furent mes parents, mon frère et nombre de mes proches. Je ne peux me séparer d’eux.
Cela suffit pour que jusqu’à ma mort, ma judéité soit
imprescriptible.
Le kaddish sera dit sur ma tombe.
Le kaddish sera dit sur ma tombe.
Je suis juive. Simone VEIL